top of page
Photo du rédacteurDidier Drouven

Le temps de jeu d'Alain Thérieur


Dernièrement, Alain me disait la difficulté qu’il éprouvait certains jours à jouer au golf. Je lui expliquai que le « jeu » de golf était autre chose que ce qu’il croyait. Voici la raison :

Une partie de golf a une durée variant entre 4 heures et 6 heures (pour les plus longues).

Lors d’une partie de 18 trous, le temps de jeu effectif est d’environ 4 minutes pour un joueur handicap 20. Par jeu effectif, j’entends le swing et la frappe de la balle. L’instant durant lequel le corps est véritablement en mouvement de jeu. Je compte 3 secondes par mouvement (ce qui est largement compter). Trois secondes multipliées par 92 (pour un handicap 20) donnent 276 secondes soit un peu plus de 4 minutes.

Ce temps de jeu représente 1.33 % du temps g

lobal en prenant un parcours de 5 heures. D’accord, prenons plus large et ramenons la partie à 4 heures. Le temps de jeu effectif représentera 1.66 %

Ceci signifie que 98.34 % du temps restant est disponible pour qu’Alain puisse se détendre, analyser le prochain coup, réfléchir au meilleur endroit où placer sa balle, effectuer sa routine, entrer dans la concentration et, une fois le coup donné, apprécier le résultat et aussi, bien-entendu, prendre plaisir à se trouver dans un site merveilleux, aux parfums délicats et à la nature agréable.

Pourtant, je doute très fort de la capacité d’Alain à utiliser ce temps comme il pourrait le faire. Voici, presque mot pour mot, ce qu’il me dit à ce propos :

« Lorsque je me dirige vers ma balle, je suis toujours un peu dans le coup que je viens de faire. S’il est bon, je me dis que j’aurais peut-être pu gagner encore une dizaine de mètres ou que la balle aurait pu avoir un lie encore plus favorable. Parfois aussi, la balle est parfaite, pour moi, et je savoure ma joie et la fierté d’avoir réalisé un pareil coup. Si le coup a été mauvais, par contre, c’est une autre histoire. Je repense au mouvement que j’ai réalisé, trop lent, trop rapide. À la position de mon corps par rapport à la balle, à la hauteur du tee, à l’alignement par rapport à l’objectif. J’analyse le mouvement dans son entièreté et j’essaie de comprendre pourquoi cela n’a pas fonctionné ».

En fait, que le coup d’Alain soit bon, parfait ou médiocre, le temps qui sépare les deux phases de jeu effectives est exactement utilisé à la même chose : l’analyse et le jugement. Tenir ainsi durant 4 à 5 heures est une dépense d’énergie gigantesque et impossible à conserver même pour le plus avancé des méditant. Avez-vous déjà tenté de rester dans l’analyse et le jugement, ce qui nécessite une grande attention du mental durant un laps de temps aussi long, dans votre travail ? Vous me répondrez peut-être que oui et je pourrai en croire certains comme les chirurgiens par exemple. Dans quel état êtes-vous sorti de cette expérience ? Fatigué et émotionnellement très instable ! Ça, j’en suis persuadé. Et là, nous parlons d’un travail professionnel, une activité qui, à ce rythme-là, n’est pas une vraie partie de plaisir.

Donc, Alain consacre la plus grande partie de son temps à perdre son énergie dans une activité qui de toute manière ne lui apportera absolument rien de positif dans son jeu. Pourquoi ? Parce que ce qui est fait est fait et que rien, absolument rien, ne pourra être modifié. Parce que l’analyse du coup précédent ne modifiera pas le coup joué, parce que le jugement qu’il s’inflige ne transformera en rien le coup qu’il vient d’effectuer. Par contre, son état interne en sera modifié. Il entrera dans une zone de haute ou de basse énergie, plaisante ou déplaisante et donc, de toute manière son état mental sera affecté.

Je vous livre ci-après le témoignage de Timothy Gallwey dans son merveilleux livre « The Inner Game » :

« La paix du golf est irremplaçable. Elle est un contraste avec d’autres sports. En tennis, par exemple, si mon esprit commence à vagabonder et à se poser des questions, il est vite rappelé à l’ordre par la balle suivante ! Au golf, en revanche, on a tout le temps de penser… En quatre heures sur le court je peux jouer environ soixante-quatre jeux, ou quatre cents points avec mille deux cents ou mille cinq cents coups. Dans le même temps laps de temps au golf, j’aurais tapé moins de cent coups… C’est pourquoi la concentration au golf exige un effort bien spécial. Au tennis, cette concentration se construit au fur et à mesure que le point est joué. Au golf, il est si facile de la perdre entre les coups. J’en ai conclu que la marche entre les coups est le moment le plus critique d’une partie. C’est bien souvent entre les coups que le jeu – intérieur ou extérieur – est gagné ou perdu. Le golfeur qui pratiquera le jeu intérieur en profitera pour se relaxer, et pour retrouver la concentration totale dont il aura besoin au cours des deux secondes de son prochain swing ».

Alors comment faire ?

La seule manière de rester dans la partie est de pouvoir entrer et sortir de sa zone de concentration aussi facilement qu’Alain ouvre et ferme une porte. Pour entrer dans la phase de concentration, il faut préparer l’esprit et l’outil nécessaire est la « détente corporelle ». Pour ouvrir une porte, il faut porter la main sur la béquille et abaisser celle-ci vers le bas. En cas de problème corporel, il convient d’utiliser le mental, en cas de problème mental, d’utiliser le corps. Ils sont parfaitement synchrones dans le positif et dans le négatif. Ils se parlent constamment et sont intimement liés.

La phase de détente doit donc précéder la phase de concentration. Ensuite la concentration à proprement parler peut prend place. L’outil le plus développé pour cela se nomme « la routine ». Elle sert à unifier le corps et l’esprit dans une stratégie à la fois mentale et corporelle pour réaliser une action avec le plus d’efficacité possible, avec le plus de ressources disponibles possible. Il n’y a pas cinquante routines différentes, il n’y en a qu’une et une seule mais chacun peut y induire des « trucs » pour la faciliter et des procédures strictes pour aider à sa réalisation. Lorsque dans son travail de commercial, Alain se prépare à défendre un projet, il a sa propre routine qui va lui permettre de mettre en place la stratégie à adopter face à tel ou tel client. Ou alors il est un piètre commercial. Vous voulez un simple exemple de routine pratiqué par des millions de personnes tous les jours ? Ils se servent un café au bureau avant de commencer à travailler. C’est pour eux, le signal psychologique que la phase de travail débute. Une fois le soluble avalé, l’énergie se met en place et les actions qui s’en suivent s’enchaînent en bon ordre.

La routine terminée, il n’y a de place que pour l’action. Le mental est alors totalement déconnecté, l’inconscient prend le relais et donne les ordres au corps. Ceci se traduit par la célèbre « permission de jouer » qu’Alain va ressentir ! Le corps sait parfaitement ce qu’il a à faire pour frapper cette balle et ce n’est certainement pas le moment ni l’instant pour venir lui chuchoter à l’oreille « n’oublies pas de monter le bras comme ceci, de regarder tes chaussures,… ». Pourtant, très souvent, Alain ne peut s’empêcher de donner une dernière instruction ou d’effectuer un dernier check avant la descente des bras vers la balle. Fatale erreur !

« Le downswing n’est pas l’endroit pour vous donner une leçon à vous-même » (Ben Hogan)

La phase effective de jeu étant terminée, il convient de « récupérer », c’est-à-dire de permettre au corps et à l’esprit de reprendre une place d’équilibre énergétique. Que faites-vous lorsque vous venez de déplacer la machine à laver, seul ou avec un ami ? Observez-vous. Voici probablement les différentes phases : vous soufflez, vous expirez, vos épaules redescendent et vous vous décontractez. Face à l’exigence que vous vous êtes imposée dans le coup joué, vous avez besoin de récupérer. Et plus votre exigence sera haute plus votre besoin sera important. Sans récupération il vous sera difficile d’entrer à nouveau dans la phase de détente qui précédera votre prochaine phase de concentration. De toute manière vous ne tiendrez que très peu de trous.

Ces phases, que j’ai nommées « D.C.A.R. » Détente – Concentration – Action – Récupération, englobent les phases de pré-routines et de routines mais elles permettent, en plus de favoriser l’apport d’énergie nécessaire, de pouvoir tenir 5 heures sans aucun problème.

A la prochaine pour une nouvelle séance avec Alain.

Didier

Sophrologue – Coach I.C.F.

6 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page